Friday, December 10, 2010

III

Je suis ton secret,
ton à part,
rien qu’une silhouette
qui rumine au fond de ton cerveau,
une indulgence,
une facilité éphémère,
une didascalie qui serait mieux avertie
d’arrêter son cinéma
derrière les rideaux.

Et tu diriges ton monde
comme si chaque moment était une scène manquée :
imparfaite, incomplète, insolente
On arrête et on recommence.
On arrête et on recommence.
On arrête
et on recommence
jusqu’à temps que l’épuisement ralentit le tournage
et la lucidité de ton acte
dévoile une lassitude
transpirante de tes paupières :

Ta finesse orchestrale,
Dévêtue d’un silence audacieux
Se détend dans un siège
Parmi le velours et le vide;
Son corps de bois
Feigne un repos mérité
Comme si son autonomie lui dépendait,
Comme si les fils au bout de ses doigts
N’étaient jamais reliés à ton cœur.

Dramaturge,
Tu pourras m’écrire plus belle dans tes rêves
Une muette dans ton manuscrit,
Complaisante entre des lignes
Rythmées, fluides, répétées –
Elles sonnent si joliment dans le noir.

Mais je ne suis qu’une analepse somnambule,
Ondulante entre tes délires et ta direction
Renonçant mon innocence à l’écran
Pour l’équivoque que tu m’assumes.

Et à chaque scène,
Nous restons figés sur nos mots
croisés dans chaque quotidien matinal,
Nos intimités se réconfortent
A chaque gorgée de café,
Préoccupant nos lèvres
D’une habitude si assoupie
Que nous n’osons plus résoudre
Les complexités qui se cachent
Dans nos jeux de mots,
Nos banalités prétentieuses,
Nos prétextes inutiles
Qui ne cessent de nous faire vivre
Dans un faux éternel.

Mais lorsque ce théâtre millimétré,
Collectionnant la beauté
Avec un magnétisme argenté,
Lâche un dernier soupir
Avant que le rouleau
Trouve la fin de son négatif,
Elle rallume ta réalité
Et te remet ton cœur emboîté,
Ta perfection enivrée,
Ta vérité inventée
Comme si de rien n'était,
Comme si on ne s'était jamais rencontré
Comme si cet amour n'avait jamais existé. 

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